l'essentielL'Observatoire des violences en milieu de santé pointe une augmentation des violences verbales envers les infirmiers et les agents d'accueil, dans un rapport. Mais aussi envers les patients. Les violences en milieu hospitalier ont augmenté, en 2018, de près de 6% en un an.
Selon un rapport de l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), publié mardi 23 juillet, les violences en milieu hospitalier ont augmenté, en 2018, de près de 6% en un an. Le rapport se fonde sur les signalements remontés en 2018 au ministère de la Santé. L'Observatoire a recensé plus de 23 300 faits de violence, contre 22 048 en 2017.
Le rapport pointe notamment la banalisation des violences verbales, particulièrement envers les infirmiers et les agents d'accueil, qui sont les boucs émissaires des patients et de leurs proches. Ces derniers sont ainsi victimes d'insultes et de menaces de mort, dont le rapport cite des propos extrêmement violents : "je vais t'égorger, te brûler toi et ta famille".
La violence verbale est très légèrement prédominante et concerne 50,77% du total des atteintes aux personnes. Les secteurs les plus touchés par ce type de violence sont les urgences et les services de psychiatrie.

Une béquille peut devenir une arme

De la claque à la tentative de meurtre, la moitié des signalements recensés concerne également des violences physiques. Le rapport liste les différentes armes utilisées par les agresseurs : "manche à balai avec cutter scotché au bout, barre de fer, batte de baseball...".  Une béquille, un scalpel ou un pied à perfusion peuvent ainsi devenir une arme.
Si les personnels médicaux sont victimes de violences, l'Observatoire note également que les patients s'en prennent aussi à d'autres patients ou à d'autres résidents, notamment dans les Ehpad. L'exemple d'un résident ayant essayé d'étouffer un voisin de chambre avec un oreiller est par exemple cité dans le rapport. 
Le rapport note, par ailleurs, une augmentation "moins sensible" des "atteintes aux biens" dans le milieu hospitalier. 5 084 signalements d’atteintes aux biens ont été déclarés à l’ONVS en 2018 avec en tête les vols sans effraction (2 188) et les dégradations légères de matériel (1 768). Les incendies volontaires (60) et les vols à main armée (4) restent en revanche très rares.

Mieux former les personnels ?

Si un agresseur sur cinq souffre de troubles psychologiques, et un sur dix est alcoolisé, le rapport souligne toutefois que ce sont de plus en plus "monsieur et madame tout le monde" qui dérapent en quelques secondes après un tracas. Et la situation concerne tous les services qui accueillent du public, pas seulement les hôpitaux.
En 2018, 426 hôpitaux et Ehpad ont signalé des violences en milieu de santé auprès de l'ONVS. Ils étaient 446 à l'avoir fait en 2017. Afin de remédier à cette montée des violences, le ministère de la Santé entend mieux former les personnels et leur apprendre à prévenir et à gérer ces crises de violences.

La question des effectifs sur la table

Mais après la grève des urgences, la question des effectifs dans les hôpitaux est de nouveau sur la table avec ce rapport. "On est vraiment soumis à la double peine car d'une part nous sommes confrontés à des conditions de travail difficiles et d'autre part à une agressivité qui monte", déplore Thierry Amouroux, le porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), auprès de nos confrères de Franceinfo.
"La ministre voulait nous former davantage à gérer les gens, mais ce dont nous avons besoin c'est de plus de personnes pour prendre en soin les patients. Ce n'est pas normal qu'aujourd'hui les gens attendent pendant des heures aux urgences", s'inquiète-t-il encore.